
The Bloc-ROCK
The Child of Lov
C'était un jeune homme timide, réservé. Reclus de toute la vie médiatique qui ne l'intéressait pas du tout. Avant tout c'était un jeune homme talentueux, absorbé par la musique, barré d'influences diverses et variées, mais que des références excellentes, du funk des 70's au hip hop. " C'était " un jeune homme ouais. Car en décembre dernier, à l'âge de 26 ans, il est mort.
Malade du coeur, Martijn Teerlink, alias Cole Williams alias Sun Patzer, alias Child of Lov s'est fait opérer. Malheureusement, c'était une opération à risques. Alors notre hollandais/belge nous a quitté, laissant pour seul héritage un album éponyme de dix morceaux.
Je n'ai appris que très tardivement son décès, sinon j'aurais fait ce papier bien avant. En fait j'écoutais Nova Sauvagine une après midi et Captain balance un truc du genre " et maintenant "Heal " du très regretté Child of Lov ". alors je me suis dit " très regretté c'est bizarre ". J'ai pas voulu croire en sa mort, j'ai d'abord pensé " attends son album est sorti cette année, il peut pas déjà être mort, il a du arrêter la musique pour un temps indéterminé ". Mais c'était mal le connaître. Child of Lov n'aurait jamais arrêté la musique. Mais ouais ce mec c'était un fondu de l'art noble des sons. Et on le ressent vraiment en écoutant son album.
La nouvelle est tombée lors du festival State-X NewForms qui devait accueillir sa première performance live. Et ouais le temps est assassin et notre ami n'a jamais pu délivrer toute l'ampleur de son talent. Cet artiste névrosé au talent incontestable avait tant à nous offrir encore.
L'album débute avec "Call me up ", un morceau assez lent, qui débute par une longue plainte. Puis arrive la voix de Child of Lov que l'on découvre pour la première fois. C'est une voix assez efféminée, tendre qui nous emporte, mais qui en même temps reflète une certaine dureté. Child Of Lov dira à propos de sa voix, qu'il en avait honte et qu'il se cachait de safamille pour chanter. Pour en revenir au morceau, c'est un petit hip-hop dans le genre qui fait bien son effet. Bon début.
Le deuxième morceau " Heal " est totalement différent. On change totalement d'ambiance. Déjà la batterie annonce un rythme plus soutenu. Puis viens une guitare qui marque le temps et la voix vraiment fabuleuse de notre ami. Ce morceau est très pop rock, et on voit, rien qu'en écoutant les deux premiers morceaux, l'ampleur et la diversité de l'artiste. Le morceau se déroule facilement avec une pointe électro qui apparaît et qui rajoute une vraie force au morceau.
" One Day " le troisième morceau se fait en featuring avec Damon Albarn ( chanteur de Blur, Gorillaz et du récent groupe The Good, the Bad and the Queen ). C'est un morceau terriblement lent, comme un blues électronique d'où les deux artistes poussent une plainte douloureuse. On reconnaît facilement la patte de Albarn sur ce morceau, qui se rapproche beaucoup de certains titres de Gorillaz.
" Living the circle ". Ce quatrième morceau est mon préféré. Il est très peu connu, caché dans l'ombre de " Fly ". C'est un beat hop pop furieux où Child of Lov nous agresse. L'instru est terrible. Rien à ajouter, juste fabuleux.
" Give me " enfin! C'est le tout premier morceau que j'ai écouté de Child of Lov. C'est celui qui m'a réellement donné envie de voir plus de l'artiste car ce morceau est vraiment excellent. Je crois l'avoir écouté jusqu'au dégoût, usant mes tympans après un millier d'écoute. Il est de loin le morceau le plus agressif. Child of Lov se la joue Pimp à mort. Sa voix est juste merveilleuse, on dirait une voix de black, crémeuse comme un soulmen qui chanterait du funk en se la jouant gros dur. Ce morceau fait bouger la tête comme un caïd et donne un excès de confiance proche de l'absurde.
Le sixième morceau est pure électro minimale. Encore un style différent sur cet album multi-facettes que nous offre Child of Lov avec " Go with the Wind ". Je crois pouvoir dire, sans attiré la foudre divine qui s'abat sans relâche sur nous un peu au hasard, que ce morceau est agaçant car le titre de la chanson est répété à peu près 643 fois ( marseille ). Si celui qui n'a pas compris que le morceau était " Go with the wind " se lave les oreilles ou le cerveau au choix. Mais le pire dans tout ça c'est que tu es pris au piège avec ce morceau et que tu répètes sans cesse le titre avec lui.
Le septième morceau " Owl " débute avec une intro digne de Chinese Man. Une guitare seule. Puis grosse ambiance. Là avec ce morceau tu n'es plus caïd, tu es carrément baron de la drogue, parrain d'une mafia basé sur la musique bitch, mac à putes de luxe, cocaïne et champagne. C'est le seul morceau qui soit véritablement du rap ( encore un style de plus sur cet album ) avec un featuring de choix, DOOM.
Le huitième morceau est de loin le plus connu et franchement en l'écoutant on ne se pose aucune question. C'est le morceau phare. " Fly ". C'est un morceau complexe à décrire. Un mélange de tout ce qui a été fait auparavant sur l'album, voire même un mélange de tout ce qui se fait depuis une bonne décennie dans le monde de la musique. Ce morceau donne incontestablement la pêche et il est impossible de ne pas l'aimer. C'est le morceau qui te fait lever les bras au ciel comme un chanteur de gospel, en bougeant la tête avec le gros smile, c'est le morceau qui te fait danser, c'est le morceau qui te fait dire au revoir à tes amis, c'est le morceau qu'il faut pour faire l'amour ou faire ses courses. C'est le morceau.
" Warrior " est le neuvième morceau de cet album pour le moment merveilleux. A vrai dire, si j'ai jamais qu'un seul problème avec cette merveille, c'est ce morceau que je trouve un peu en dessous de tout le reste. C'est du bon niveau, car Child of Lov faisait tout, tout seul, que ce soit les instru, le chant, l'écriture, tout. Mais pour moi il manque un peu de folie.
" Give it to the people " est le dixième et dernier morceau de l'album, ou " comment terminer un album de la plus belle des manières ". Quand on connait sa vie, ce morceau prend une toute autre ampleur. C'est un morceau rayonnant qui redonne un peu espoir en l'humanité. Final du final, petit rock'n'roll à la sauce Child of Lov. Décidement on est surpris jusq'au bout.
Voilà c'est tout ce que j'ai à dire sur cet album que j'invite toute personne sensée à écouter au plus vite. Ce géant hollandais au physique disgracieux avait un démon musical fabuleux en lui. Tout ça me rappelle quelqu'un...