
The Bloc-ROCK

Are iou the miouzichiens?
S'il y a bien un gros défaut chez moi c'est bien mon retard. Perpétuel. Il est quasiment impossible que je sois à l'heure. Avec plus ou moins de retard, de l'excusable au condescendant.
Ne dérogeons pas à la règle, hier soir le concert était à 20h30, j'y arrive à 20h50, là ça va, c'est réglo. Sauf que je ne m'attendais pas à tomber sur plus fort que moi, mon nouveau maître en la matière, Jacco Gardner. Lui, c'est le type qui est venu jouer hier soir à l'hérétique, pour clôturer le festival Bordeaux Rock. Ben lui, il est arrivé à 21h30, facile.
A cette heure là, je faisais encore la queue dehors à attendre sous la pluie et bravant le froid. A cette heure là, je commencais à être méchamment trempé. Ce qui est marrant c'est que Jacco Gardner faisait la queue avec nous. Du coup je me suis retrouvé à côté du "petit" monsieur de 24 ans ( en fait "petit" est à prendre au sens propre du terme). Puis, bon à un moment, une ou deux minutes après à peine, il est passé devant tout le monde pour rentrer. C'est le privilège d'être une star. Donc il se pointe devant l'entrée avec son band. Attention, ce qui va suivre est véridique. Son band et lui attendent donc, et le videur se tourne vers eux. Et il sort, dans un anglais plus qu'approximatif, à la limite du marrant, " Are iou euhh... iou are the, the miouzichien-chiennes euhhh? " Réponse illico " Yes men! ". " Ok ben vous patientez encore une minute ". Paf clôture de la porte. Donc on décernera une palme à ce monsieur, qui a fait attendre les artistes qui jouaient dehors. Une palme bien grande et bien voyante. Non mais....
21h58, j'entre enfin dans le sanctuaire normalement dédié à la musique hardcore mais, qui ce soir accueille Jacco Gardner qui ne joue pas tout à fait le même style. Je suis content car à l'intérieur au moins, il ne pleut pas ( si cette phrase est importante pour un mec qui a attendu dehors pendant une heure sous la pluie ).
L'hérétique est assez surprenant. Après avoir payé, on entre dans un bar et la salle de concert est dans une cave. On notera d'ailleurs que le bar est plus grand que la salle de concert. Décidément. Bon je prends ma bière réglementaire ( en réalité elle était "obligatoire", ça aussi c'est vrai )et je descends. Clopes? Oui! Bière? Oui! Motivation? Oui! Allez hop!
Avant tout présentons un peu le monsieur. Donc Jacco Gardner est un hollandais de 24 ans. Il est multi-instrumentiste, il sait jouer à peu près de tout, sauf de la batterie. Jacco Gardner est considéré comme la réincarnation de Syd Barrett, ancien membre des Pink Floyd. C'est un artiste timide qui se sert beaucoup de l'inspiration des années 60. Il baigne dans un univers coloré et mignon. Sa musique est une pop à tendance psychédélique. Son album " Cabinet of curiosities " est composé de 12 morceaux, essentiellement des ballades très douces et mélodieuses. L'élément principal de sa musique, en plus de sa voix d'ange, est bien sûr le clavier dans lequel on retrouve toutes les influences 60's de Barrett. Jacco Gardner, le candide, nous sert tour à tour des mélodies enfantines, un peu naïves. Il nous fait redécouvrir notre enfance et sa musique a le pouvoir de s'adapter à toutes les situations de bonheur. Il dit lui même que grâce à sa musique, il ne perd pas sa créativité et son innocence enfantine. Il la garde bien au chaud avec lui et nous la fait partager.
Le concert débute vers 22h05. La salle est petite et archi comble. Il y a vraiment beaucoup de monde. Je m'attendais à voir beaucoup de groupies, seins nus, et affolées à chaque note, mais en fait non. Il y avait beaucoup plus de mecs et de vieux bizarrement. Bon et pour parler du concert, il faut dire que je ne suis pas déçu. Pendant près d'1h20, Jacco Gardner nous sert exactement ce à quoi on s'attendait. Une pop bien sucrée, édulcorée à tendances psyché. Par rapport à l'album c'est tout à fait similaire. On est rassuré car on sait au moins que ce n'est pas du faux. Il chante bien, ça joue bien. On notera d'ailleurs la superbe performance du batteur. Jacco déroule l'intégralité de son album avec notamment " Clear the air " et " The ballad of little Jane ". En prime on a eu droit à une exclusivité, un nouveau morceau pas encore commercialisé qu'il a testé, pour notre plus grand bonheur, sur nous. C'est donc un concert sans fausse note. Seul bémol, le live manquait cruellement d'impro. On a eu droit à un moment de cinq minutes de délire total mais malheureusement c'était le seul. Malgré tout on crache pas dessus, c'était un bon moment.
Jacco a eu le pouvoir de me faire rentrer chez moi en chantonnant avec le sourire, sautant dans les flaques, malgré cette pluie froide et trop présente.